jeudi 15 mars 2012

Mineure et Mariée à son violeur, ce n'est que le début de l'horreur. Voici la suite.

Amina Filali.

Amina Filali, 16 ans, mariée à celui qui l'a violée. Elle pouvait être ma soeur, ma fille...

Mais elle a choisi de mettre fin à ses jours. Des jours, ou chaque minute et chaque seconde étaient un calvaire atroce et insoutenable : Elle vivait avec celui qui l'a violée.

Il fallait qu'elle se suicide pour que l'on s'aperçoive que notre société vit des drames silencieux. Cette fois, ce drame a été médiatisée, et tant mieux. Mais chaque jour, il y a des drames dont on ne sait rien.

Amina, la jeune adolescente qui devait être aux bancs du lycée entrain de rêver d'un avenir meilleur, n'aura rien de tout cela. Elle n'est plus.

Comment une loi, ou une société toute entière, pousse une fille à se marier avec celui qui l'a violé ?

Une loi d'un certain âge, qui croit que corriger un viol, c'est possible. Que la femme, incite implicitement l'homme à la violer...

Un violeur est un criminel, un prédateur sexuel.

Ceci est le coté apparent de l'horreur.

Venez, je vous parle d'un coté caché des yeux de la société, ou l'horreur se multiplie et continu.

Il est connu, et partout dans le monde, que les viols sont souvent commis, par des hommes dans le périmètre familial de leurs victimes.

Un oncle, un cousin... parfois, un père, un frère et même un grand-père abuse de la jeune fille. Et sans trop prévenir, elle tombe enceinte.

Le calvaire du viol est déjà atroce, on y ajoute une grossesse. La mère, victime d'un prédateur, devient victime d'un système et d'une société.

Elle doit vivre et regarder son ventre grandir et rares sont celles qui portent de l'affection pour "hadchi", cette chose qu'elle porte dans son ventre.

L'atrocité... ne fait que commencer...

La victime, la fillette ou la fille violée, enceinte, est souvent mise à la porte par sa famille ou elle s'enfuit par peur du regard de sa famille.

Elle, qui vivait avec sa famille sereinement, se retrouve après quelques semaines dans la rue.

Chez qui aller, ou se cacher, comment trouver de quoi se nourrir ? Des questions sans réponses. Elle va vers le total inconnu. Aussi noir que le moment ou elle a été violé, l'horreur est devenue continue.

Chaque jour de ces mois de grossesse, qui devaient être, la période la plus heureuse de sa vie, devient le pire supplice qu'elle puisse vivre. Mais elle ne sait pas encore ce qui l'attend.

Durant ces mois de grossesse, ou le ventre devient apparent, la fille doit se cacher dans les rues, ou au mieux, une association...

Tout change.

Et quand c'est le moment d'accoucher, elle ira vers un hôpital au mieux, si elle n'essaie pas d'accoucher dans la rue encore et se débarrasser de "dakchi", cette chose qui se trouve dans son ventre.

A l'hôpital, avec ses douleurs d'un moment fatidique qui approche, le médecin/l'infirmier lui demande le nom du père...

A ce moment, tout le monde saura que c'est une "mère célibataire".

Dans mon temps, ou j'apprenais l'exercice de la médecine, toutes les femmes donnaient naissance dans des conditions de guerre, mais la femme célibataire avait un traitement spécial...

Elle pouvait même avoir des gifles pour avoir trop crié, avec la sage-femme qui lui crie dessus : Ah, quand tu levais tes jambes en l'air, ça te plaisait, et là tu viens crier ici...

Je n'oublierai jamais cet instant, cette femme aussi probablement.

L'enfant est né. Il est X Ben X, Indésirable fils d'inconnu.

La mère s'enfuit de l'hôpital si elle en a le courage, laissant "dakchi" derrière elle, cette chose qui crie et respire, et à qui on n'a rien demandé.

Parfois, la mère reste. Regarde cet enfant, son enfant. Elle a de l'affection pour lui... C'est rare, mais ça existe.

Et là, une autre bataille commence et une Grande et immense question se pose : Que vais-je faire ? Ou et comment je vais faire grandir MON enfant. Cette femme, toujours sale au vue de ses propres yeux et les yeux de la société, va devoir y répondre.

Elle n'a aucun métier, elle n'a rien. Même pas une personne qui demande après elle.

Un petit brin de bonheur, il y a des associations qui les aident. La mère est orientée par les assistantes sociales des hôpitaux. Peut-être une vraie nouvelle vie, peut-être un autre calvaire qui Grandit chaque jour.

Mais combien même, il n y a pas assez d'associations et qui ne peuvent tout gérer.

De son viol, d'un inceste, né un enfant, qui devra grandir dans les pires conditions qui soient, rejeté le premier jour de sa conception par la société. Quel sentiment aura-t-il envers cette humanité pas si humaine ?

Le malheur et la détresse se multiplie : Elle devra voir chaque jour (ou pas) son enfant grandir dans une société qui le rejette.

Ne parlons pas des procédures administratives, le jour ou cet enfant devrait rentrer à l'école, ou même travailler.
Tout le monde lui demandera ce banal document pour nous : Son acte de naissance.
Et là, il saura tout, car souvent sa mère lui cache la réalité. Devenu adulte, il en voudra encore à sa mère. 

Ces enfants qui naissent ainsi, seront 10% de notre société dans la génération future. Toujours des "wlad lhram" que les autres enfants auront le plaisir de leur rappeler.

Pendant ce temps, le prédateur sexuel est entrain de vivre sa vie... de violeur... Tout simplement.

L'histoire de cette fille peut-être celle de ta soeur, de ton amie, de ta cousine...  

Le pire, c'est que cette même histoire se perpétue chaque jour, elle change juste de noms et de visages. 

Mais la misère est toujours la même, cachée quelque part des yeux de notre société.