lundi 28 février 2011

Mouvement du 20 février : une lecture des choses pour servir le rêve d'un "Maroc Meilleur".

Le Che invité de force ou de gré dans les manifs au Maroc ? 20 février à Khenifra.

Nous l'avons vu durant ces derniers jours : tout le monde est avide de changement, mais personne n'est d'accord sur la manière pour y arriver.

Les jeunes créateurs du 20 février, qui ont, certes initié une mouvance assez positive dans la société, ont été phagocytés par les mouvements d'extrême gauche. Islamistes d'Al Adl wal ihssan ou gauchistes et radicaux : Chacun surfe sur la vague autant qu'il peut.

J'avais cru que l'action du mouvement du 20 février allait être violente et d'emblée. J'avais tort et je m'en étais excusé dans une émission télé en direct sur la chaîne Medi 1 Tv durant sa couverture des évènements du 20. (A voir sur ce lien).

Les violences sont venues après, par des casseurs qui n'ont rien de l'action politique ou sociale. Les Marocains, les Monsieur et Madame tout le monde, pointent du doigt le mouvement du 20 février comme étant responsable des dégâts matériels et humains.

Et cela ne présage rien de bon : le mouvement du 20 qui s'auto-motive -par un vocabulaire type "Nous sommes les courageux, les héros et les autres qui ne sont pas sortis dans les rues sont ceux qui profitent de la situation, des poules mouillées ou des ignorants..."- risque deux choses : soit devenir un mouvement radical, soit un mouvement ridicule.

Radicale car il sent qu'il est lâché par tous ces autres. Ridicule car il émet des requêtes -qui sont justes- qui ne peuvent être réalisées du jour au lendemain tout en maintenant les manifestations dans les rues et qui risquent toujours de déborder par la venue de casseurs.

J’espère que cela ne sera pas le cas. Mais que tout le monde sache, pros Manifestations et anti Manifestations, que nous partageons un but commun et que nous divergeons sur les moyens. 

Personne n'est héros -même si il essaie de se refaire une virginité depuis le 20 février- et personne n'est contre le changement positif.

Je préfère ne pas débattre des personnes même si vous avez vu émerger des personnages -durant ces deux dernières semaines- sur Youtube, d'autres sur de nouveaux sites d'information pour vous dire que vous êtes beaux, gentils et que le problème vient des autres. 

On croyait que le changement de la constitution était le point de départ du réel changement. En réalité et sur le terrain, ceux qui sont sortis dans les villes avaient plus des problèmes de gestion locale et surtout sociales. 

Plusieurs analystes prennent une photo aérienne limite simpliste pour dire que le changement passe par un changement de la constitution, par des requêtes plus globales de santé, éducation et autres... En réalité, la chose est beaucoup plus complexe : Chaque région du Maroc a une spécificité dans ses requêtes et a un cadre commun avec toutes les autres régions. 

A Tanger par exemple, ils ont un problème plus urgent -mais pas l'unique- : celui d'Amendis. A El Houceima, ils vivent le martyr depuis le tremblement de terre ravageur...

Ces problèmes urgents ont un point commun : la mauvaise gestion locale.  

Les manifestations ont déjà mis suffisamment de pression pour impulser ce consensus du besoin de changement, le contexte loco-régional fait peur à l'état pour lui imposer de lâcher du lest et d'agir encore plus et mieux. 

Mais le gros reste à faire.

Alors comment servir ce rêve d'évolution vers un Maroc Meilleur ?

En outre des raisons de colère, d'injustice ou autres qui peuvent pousser au passage à la rue pour manifester et qui restent des actions limitées dans le temps, il faut mettre un plan d'action à moyen et à long terme.

Ni l'état ni les 20 février n'ont mis de coté les discours, le symbolique et le jeu sur les sentiments -avec beaucoup de désinformation- pour passer au concret et au réel.

Cela reste de la tchatch, du BlaBla que chacun de nous peut utiliser à outrance.

Au fait, ce que nous vivons actuellement dans le débat entre le Besoin d'une révolution et ou bien d'une évolution a été entrepris depuis très longtemps par différents courants de la pensée.

Mais une chose est sûre dans tout type de changement : l'implication et la responsabilisation de tout un chacun est un ingrédient essentiel pour un réel changement.

Quand certains se déresponsabilisent en mettant tout sur le dos de l'état, cela est aussi lâche que de ne pas s'indigner devant une injustice telle qu'elle soit. Certains prennent cette approche pour une sorte d'héroïsme 2.0.

Nous sommes tous responsables et c'est par nous que commence le changement.

D'ailleurs, un livre en avait parlé il y a bien longtemps :
"إِنَّ اللَّهَ لا يُغَيِّرُ مَا بِقَوْمٍ حَتَّى يُغَيِّرُوا مَا بِأَنْفُسِهِمْ"
Alors, allons-nous nous réunir et agir chacun de son coté et dans son groupe pour mener à bien ce changement, ou bien, nous allons nous "entre-tuer" en mettant de coté l'essentiel : Le rêve d'un Maroc meilleur ?

Cela a un nom : Une mouvance citoyenne. Elle peut prendre des milliers de formes. Chacun peut la formuler à sa façon, mais elle a une finalité : Les Marocains au service des Marocains.

Cette mouvance est juste l'ingrédient DÉCLENCHEUR. Mais il faut plus d'ingrédients réels et concrets pour faire tout le plat du Maroc de l'avenir.

Certains de ces ingrédients ont été abordés par un excellent dossier du magazine Telquel. Certaines propositions sont à débattre dans le fond et dans la forme, mais au moins, Telquel a essayé d'apporter l'ombre d'actions concrètes.

Et c'est du concret dont le Maroc a besoin aujourd'hui.

P.S : Je suis sûr de ne pas avoir tout dit depuis le temps que j'ai disparu de mon blog, mais un coup de fatigue a eu raison de moi.