jeudi 19 mai 2011

Les espagnols manifestent contre leur système. Les leçons pour le Maroc.

Vue d'ensemble de la place Tahrir en Espagne le 17 Mai.

En Espagne, depuis le 15 Mai, des milliers d'espagnols campent dans la place -Place Tahrir ?- de la Puerta del Sol, dans le centre de Madrid.

Ces manifestations ont fait l'objet d'une interdiction de la part de la commission électorale qui supervise les élections régionales du dimanche prochain.

Certaines manifestations ont été réprimées par les forces de l'ordre espagnol comme on peut le voir dans plusieurs vidéos.(Poursuite dans les ruelles de Madrid Vidéo 1, Vidéo 2)

Ce mouvement "Democracia real, Ya!" (Une vraie démocratie, maintenant!) réclame plus de justice sociale, moins de corruption des politiques... Il s'en prend violemment aux 2 principaux partis espagnols : le PP (parti populaire) et le PSOE (le parti socialiste au pouvoir)...

Leurs demandes sont vastes mais le mouvement de contestation exceptionnelle prend de l'ampleur.

Au Maroc, on rêve souvent  d'une "évolution" vers une forme politique qui reprend beaucoup de symboles dans le modèle espagnole.

Nos voisins du nord, qui ont un système dit "démocratique" avec Monarchie parlementaire, aidé par l'ouverture sur l'Union Européenne (et ses aides financiers), ou l'analphabétisme est très faible, n'arrivent pas, et avec tous ces ingrédients, à avoir un réel système démocratique, sans corruption, ou la justice sociale règne ?

Une vraie douche froide !

En y regardant de plus près, cela pourrait nous aider à concevoir un système qui outrepasse le système à l'Espagnol et qui produit une réelle paix sociale.

La politique est intimement liée à l'économie et vice-versa. Ces deux paramètres (le système politique, et la prospérité économique) sont les principaux piliers d'une paix sociale, dont le ciment est un facteur qui en est le fruit et c'est un facteur psychologique : la confiance et l'espoir.

On l'a vu avec le système tunisien : l'apparente prospérité économique sans un système politique souple, qui reprend les doléances du peuple, n'est pas suffisante pour maintenir la paix sociale.

Sans pour autant être expert dans le domaine, en Espagne, ou les pouvoirs sont bien délimités, ou il y a une réelle pratique démocratique, le problème qui se pose est d'ordre économiquo-politique : le chômage accentué par une crise économique imposé par les erreurs des grandes banques, le peu d'espoir et de perspectives dans l'avenir, fait que la jeunesse est passé à la rue.

Le choix du libéralisme économique sauvage (un choix politique), imposé en partie par l'Union Européenne, ou l'état a perdu tout pouvoir d'action réel sur l'économie fait que même si le gouvernement vire complétement à droite (l'actuel gouvernement de Zapatero est de gauche), il aura les mains totalement liés.

Une économie peu diversifiée, une industrie à valeur ajouté assez moyenne, l'économie espagnole a de quoi faire peur au Maroc. L'économie du Maroc, un peu comme l'Espagne aussi, se base sur l'immobilier, le tourisme, l'agro-alimentaire et une industrie légère.

Mais les choses ne sont pas aussi blanches ou noires : le débat et les hypothèses sont si vastes et si improbables.

C'est pour cela que courir derrière des paroles qui sonnent bien issus d'une pensée dogmatique relève plus de l'utopie dangereuse qui risque de décevoir : "faites cela, et tous vos problèmes seront résolus."
Une pensée dont la seule vérité est vraie, et les autres -qui n'y adhèrent pas- sont au mieux, dans l'erreur absolue et au pire, dans l'erreur coupable.

D'un autre coté, l'état qui de fait, perd une bonne partie de sa crédibilité est un état qui devient de plus en plus faible, cloitré dans des actions de rechapage pour calmer les foules sans une réelle stratégie globale, nous mènera aussi directement vers un chaos.

Par simplisme, on pourrait penser que la seule issue de tout ces problèmes enchevêtrés est de casser "le tout" et recommencer "le tout" depuis le début.

Le chaos nous guette, mais serions-nous prêt à en payer le prix ?

Une issue intermédiaire ? Elle existe probablement quelque part, mais pour cela, il faut la chercher. A travers un débat d'experts, d'intellectuels, de philosophes (oui, la philosophie est omni-présente)... en détruisant tout dogmatisme, ou le pluralisme règne et surtout beaucoup de bonne volonté.

Le pire, c'est que cette quête vers un modèle qui tend vers l'idéal n'a pas encore commencé chez nous.

D'ici là, profitez de votre temps de paix. Et Si vis pacem, para bellum*.

* = si tu veux la paix -sociale-, prépare la guerre.