jeudi 3 mars 2011

Le festival de Dakhla annulé. Qu'est ce qui c'est réellement passé ?


Le festival de Dakhla qui devait se tenir cette année entre le 21 et le 27 Février, a été interrompue pour des raisons de sécurité. Plusieurs élus et représentants locaux ont déposé leur démission de leurs fonctions. L'armée est intervenue dans la ville pour assurer la sécurité des habitants.

Mais qu'est ce qui s'est passé réellement ?

En une phrase, c'est une grossière erreur de l'état dans la zone la plus pro-Marocaine du Sahara. C'est un cumul d'erreurs qui ont fait basculer une ville aussi calme dans un bourbier.

Dakhla dont une grande partie de la population est unioniste et pro-Marocaine, vit depuis assez longtemps en développement et un essor grandissant.

Mais cette ville, comme toutes les autres villes du Sahara, vit dans une injustice sociale : l'état offre une aide matérielle (Carte d'entraide nationale, un salaire mensuel, et aide aux logements) aux familles qui ont fait le choix de revenir de Tindouf vers leurs terres (qui étaient exilées en Algérie), mais la population qui a toujours été Marocaine n'a pas droit à ces privilèges.

Durant la soirée du Vendredi-Samedi, à 4h du matin, et à la fin d'un concert de l'artiste Rouicha, plusieurs jeunes natifs de la région nord du Sahara (communément nommés les Sraghna) et qui habitent la ville de Dakhla, s'en sont pris à des maisons dans les quartiers sahraouis "Oum Tounsi" et "Hay Al Masjid".

Les forces de l'ordre étaient absentes à ce moment-là. Les jeunes sahraouis se sont mis à défendre leurs quartiers et sont rentrés dans une rixe de quartier avec les Sraghna.

Les combats ont repris le lendemain entraînant des actes de vandalisme, des explosions de bonbonnes de gaz et deux personnes blessées dans un accident de voiture (l'une de ces personnes a succombé à ses blessures).

La sortie médiatique du Wali de la région sur les ondes de 2M qui accusaient les séparatistes d'être la source de ce conflit n'a fait que attiser les choses.

L'intervention du 3ème bataillon de l'armée était nécessaire pour calmer les esprits et l'armée a été très bien accueillie par les Sahraouis.

Plusieurs notables locaux ont décidé de faire une démission collective pour démontrer leur désaccord concernant la gestion sécuritaire du festival. Le dimanche, le festival a été annulé.

Plusieurs personnes contactées par mes soins s'accordent à dire que ce qui est arrivé à Dakhla est triste. Ils se demandaient "comment une ville aussi calme peut-elle basculer si rapidement dans le chaos ?" "La présence des forces de l'ordre durant la fin du concert aurait pu prévenir cette dérive qui va attiser la haine entre habitants de la ville"...

Et d'ailleurs, pourquoi choisir de faire un festival aussi fréquenté par les journalistes du monde entier lors d'une période assez sensible ? en effet, le festival est tenu durant la fête de l'annonce de la création de la république Polisario.

Après l'affaire de Gdeim Yzzik à Laayoune, ou le conflit entre différents notables de la ville a entraîné des actes barbares et un embrasement de la ville, voici venu le temps de Dakhla, la plus Marocaine des villes du Sahara.

Ce n'est pas le Polisario qui fait bien son travail, mais c'est l'état qui fait si mal son travail que pour le Polisario cela devient un jeu d'enfants.

Et dire que cela dure depuis 40 ans !

Pour lire le récit en détail des évènements de Dakhla, je vous suggère l'article du journal Assabah en arabe sur ce lien : http://www.assabah.press.ma/