dimanche 13 mars 2011

Ce qui s'est passé à Casablanca et devant le siège du PSU durant le 13 Mars.


Aujourd'hui, 13 Mars, plusieurs manifestants et des membres des services de l'ordre ont été blessés dans 2 emplacements distincts à Casablanca.

Selon un témoin sur place, avant 10 heure du matin, il y avait une forte présence des forces anti-émeutes sur la place Mohamed V se trouvant devant la wilaya (Préfecture) de Casablanca.

Normalement, ces forces anti-émeutes restent dans leurs véhicules et c'est aux policiers en civils portants des brassards et des gilets distinctifs qui encadrent les manifestations.

Quelques centaines de manifestants dont une partie étaient de la jamaâa d'al Adl Wa l Ihssan (islamiste), avaient commencé à manifester.

Là, les forces anti-émeutes utilisant leurs boucliers ont fortement encerclé la manifestation, entraînant ainsi des frictions avec les manifestants.

Il s'en est suivi un passage à tabac des manifestants, entraînant plusieurs blessés dans le camp des manifestants et quelques policiers selon l'agence officielle. Les forces anti-émeutes ont alors chargé utilisant leurs matraques même contre des personnes à terre -photo ci dessus-.

Des témoins parlent de l'arrestation de plusieurs dizaines de manifestants, des journalistes ont été aussi brutalisés alors qu'ils mettaient en avant leur carte de presse. 

Des manifestants ayant pris la fuite se sont dirigés vers le siège du Parti Socialiste Unifié qui se trouve à une centaine de mètre de l'emplacement initial de la manifestation : une course poursuite avait commencé dans les ruelles adjacentes.

D'autres manifestants voulant se joindre à la manifestation principale ont été bloqués par les forces de l'ordre.

Des manifestants sont entrés dans le siège du parti qui d'après ses membres était en réunion.

Des témoins présents affirment que les manifestants ont fait un sit-in sur la chaussée devant le siège du Parti.

Là, d'un coté les forces anti-émeutes (du coté de Rue d'Agadir) et d'un autre coté (Coté pâtisserie Lamoricière) la brigade des faucons (en motos) se sont attroupés. Les manifestants étaient à ce moment assis sur la chaussée en face du siège du PSU Casablanca.


A ce moment, l'un des dirigeants du PSU (Hassan Mohamed Ait Ider, photo à droite) négociait avec le préfet de la Police -présent sur place- pour la libération des manifestants précédemment arrêtés.

Après la libération de quelques uns d'entre eux, les forces de l'ordre ont chargé les manifestants au même moment, entraînant une violente répression. Là aussi, même des personnes se trouvant à terre ont reçus des coups.

Ayant rejoint la manifestation comme observateur, à la fin de l'intervention très musclée, des sandales et des chaussures gisaient encore sur la chaussée.

Des habitants de l'immeuble qui se trouve au dessus du siège du PSU ont lancé des oeufs, de l'eau chaude et de la peinture d'en haut sur les manifestants qui se trouvaient devant la porte du siège.

Les manifestants ont alors commencé à traiter les habitants de l'immeuble de "Baltaguiya".

Devant le siège du PSU

Des témoins oculaires m'ont affirmé avoir vu un manifestant avec une fracture ouverte de la jambe. Des photographes se trouvant en bord de la manifestation ont été brutalisés et certains ont perdu leur matériel, cassé par les forces anti-émeutes.

Plusieurs personnalités ont alors rejoint le siège du PSU, dont Mostapha Ramid du PJD, Nourredine Ayouch, Patron de Shem's publicité, Omar Brouksy ex. rédacteur en Chef du magazine le Journal et correspondant de l'AFP au Maroc...

Les forces de l'ordre se sont mis à l'écart dans les ruelles adjacentes, les personnes présentes dans l'enceinte du parti pouvaient entrer et sortir librement.

Après mon arrivée, 4 ambulances ont transportés pas moins de 8 blessés dont l'un avait une blessure apparente.

Commentaires :

L'état reprend ses pratiques habituelles d'un autre temps. C'est juste aussi évident que toute autre chose : les forces de l’ordre pouvaient disperser les manifestants sans avoir recours à l'usage de la force de façon excessive, tout en sachant que tout un chacun a le droit de manifester librement.

Si les forces de l'ordre ont vu qu'il y a atteinte à la loi Marocaine -genre non information des services de l'état de la tenue d'une manifestation-, ils pouvaient les arrêter sans passer par la case de la violence et les présenter à la justice. Mais bon, devant l'état de notre système judiciaire, toute critique envers tout type d'arrestation serait défendable.

Une autre évidence est celle des différents courants qui ne veulent pas de la transition en douceur : D'un coté, chez les faucons de l'état, et d'un autre coté, les islamistes d'Al Adl Wa lihssane qui prônent la mise en place d'une république à l'islamique et certains jeunes et gauchos en quête d’héroïsme.

Et chacun provoquera l'autre pour faire tourner les évènements en sa faveur.

Mais celui qui trinque, c'est bien-sur le pays en entier -dont une partie de la population a réduit ses déplacements par peur des manifestations- et les blessés qui se trouvent à l’hôpital.

Mais une chose est sûr, c'est que l'Usage de la VIOLENCE de la part des forces de l'ordre est UNE HONTE et une insulte pour tout le Maroc.

Alors, soit l'état s'arrête d'agir ainsi, soit c'est encore plus de Marocains qui rejoindront les rangs des manifestants.

Mais encore, devant l'union tacite entre les deux extrêmes -les gauchos et les islamistes radicaux- On ne peut présager rien de bon . Ajoutons y le plat en or offert par un service policier casseur d'os et là, c'est de l'explosif.

Mais il y a une voix qu'on n'a pas encore entendu, celle qui n'est ni avec les flics ni avec les extrémistes et héroïstes adeptes de manifester pour manifester : cette voix est celle de la majorité des Marocains.

Je crois qu'il est temps qu'elle s'exprime.