lundi 25 juillet 2011

Comment passer de bonnes vacances en France, à Marrakech :s

Une fontaine Tri-colore en plein Marrakech (crédits : BigBrother.ma)

Bon ben voilà. Je suis de retour. J'étais un peu (trop) fatigué. L'année 2011 a été assez chargé.

Pour reprendre un peu de force, con comme je suis, j'ai pris la décision de passer mes vacances dans mon pays. Sauf que je me suis retrouvé (sans le vouloir) en France, à Marrakech plus précisément. ( :s )

Le peu de dirhams que j'ai à dépenser pour mes vacances, je préfère les "gaspiller" dans mon pays avec la conscience tranquille pour avoir "participé" à l'économie nationale.

Mes vacances idéales se résument en trois mots : Dodo Mimi et puis Dodo. Donc, j'ai choisi un club hôtel à Marrakech qui correspondait à mes critères.

Je me suis dit, c'est la basse saison à Marrakech, donc j'aurai pas de mal à trouver de la place.

Je me suis bien-sur mis les doigts dans les yeux.

Pour trouver une chambre, il fallait faire intervenir tous les amis, les non-amis, les saints du Maroc et beaucoup de prières.

On me disait que le club a fait le plein de touristes étrangers.

Entre nous, tant mieux. Du moment que cela fait bouger la machine économique de mon pays.

Je me suis dit que ces "étrangers" permettaient au tourisme de gagner plus puisqu'ils paieront probablement plus que moi.

Que Nenni.

Il s'est avéré que le séjour coute deux fois moins cher aux touristes étrangers qu'aux Marocains : eux, ils peuvent acheter leur séjour sur internet. Des achats groupés ce qui fait que leurs agences de voyages peuvent négocier des tarifs de groupe.

En arrivant à l’hôtel, je retrouve un accueil convivial. Un personnel sympathique mais qui cache derrière son sourire un malaise inavoué.

En effet, en papotant avec quelques uns d'entre eux, j’apprends qu'ils sont payés un peu moins que le SMIC.
Ils travaillent 6 jours par semaine à raison de 10 heures par jour.
Certains d'entre eux n'ont pas vu leurs familles depuis trop longtemps.
 Ils sont quasiment tous sont contrat ANAPEC qui permet à l’hôtel de payer très peu de charges sociales puisque l'état prend en charge une grande partie.

Une sorte d'esclavage moderne subventionnée par l'état au nom du tourisme.

En plus, l’hôtel fait appel à de la main d’œuvre étrangère qui concurrence de plus en plus les locaux et une bonne partie du personnel de chambres étaient en congé non payé pour baisse de fréquentation.

On me soufflait à l'oreille que le "printemps arabe" avait nui à la saison touristique.

Je voyais du non-sens un peu partout :
  • L'électricité surconsommée dans ces hôtels est une électricité subventionnée (comme c'est le cas pour l'ensemble de l'électricité du pays), alors que l'on pouvait imposer aux hôteliers de s'équiper en plaques solaires pour utiliser une énergie propre.
  • N'oublions pas l'eau surconsommée et subventionnée aussi : le summum du tourisme non-durable.
  • L’hôtel avait une bonne partie de chambres vides, mais il ne les proposait pas aux Marocains...

Mais ce qui m'a le plus frappé dans tout cela, c'est que nos "amis" français étaient chouchouté alors que les locaux étaient un peu trop délaissés.

Durant la SEMAINE du 14 juillet (fête nationale française), le club entier est devenu une sorte de petit village français en plein Oasis de Marrakech.

Du drapeau tricolore un peu partout -la photo ci-dessus en est un exemple-, la marseillaise chantée en boucles...

Et non, je n'ai aucun problème à ce que l'on fête une fête nationale française ou péruvienne au Maroc. Mais est-ce que les touristes viennent au Maroc pour s'imprégner de la culture Marocaine ou veulent-ils rester entre eux, avec leur culture et leurs fêtes ?

En tout, durant tout mon séjour, je me suis dit que ces vacances ne sont pas faites pour le Marocain que je suis : je me suis senti beaucoup plus en France qu'au Maroc mais surtout je me suis senti entubé par qui de droit.

D'ailleurs, je me demande ou devront partir ces milliers de Marocains en vacances en famille ?

Les hôtels au Maroc, c'est fait pour les étrangers.
Le Marocain est -dé-laissé en dernier recours pour remplir les chambres que ne prennent pas les autres. Il paie plus cher et est parfois mal accueilli.
Et si seulement cela faisait le bonheur du personnel Marocain qui travaille dans ces "batteries" à produire du chiffre touristique ! Au moins, on pourrait se dire "y a du bon dans tout cela".

Cela fait le bonheur des propriétaires, souvent des groupements étrangers, qui surexploitent tout ce beau monde et subventions de l'état (=contribuable) en sus. 

Le jour ou l'on comprendra qu'un pays aménagé comme il se doit pour ses citoyens, le Maroc aura toutes les chances pour devenir une vraie terre d'accueil touristique. Un tourisme rentable à court et à long terme/

D'ici là, faisons les décomptes de ces touristes comme on sait très bien faire dans notre pays.

Un 20 millions de touristes en 2020 ? Mais qu'est ce qu'on s'en fout, du moment que ce n'est pas pour les Marocains.

P.S : 1.je suis revenu avec le bronzage, souriant :D et je n'en veux nullement à nos hôtes venus de loin pour "profiter de la beauté de mon pays" : ils seront toujours les bienvenus.
2. Afin de ne pas être la cause du renvoi du personnel -fort sympathique- de cet hôtel/club, je n'en citerai pas le nom.