jeudi 9 juin 2011

1 an de prison pour Rachid Nini : l'échec de toute une époque.

Au revoir Rachid Nini !

Le tribunal a émis un jugement "Rachid Nini, condamné à 1 an de prison ferme" et je ne peux commenter un jugement émis par un tribunal.

Certains disent que Rachid Nini n'est pas un journaliste, d'autres disent qu'il a diffamé, qu'il a proféré des mensonges... Populiste (oui, apparemment c'est une tare aussi.)

Probablement.

Je me suis imposé de ne jamais juger l'intention des gens, puisque seul le divin peut connaitre ce que nous avons au fond de nous, mais je crois que toute personne a du bon au fond d'elle, même le pire des criminels.

Rachid Nini était ce Monsieur, comme vous et moi, qui n'est pas né avec une cuillère dorée dans sa bouche. Il n'était pas Rien, il était un émigré clandestin (Zmagri) en Espagne. Parti chercher un futur qu'il croyait ne jamais retrouver dans son propre pays.

Il était devenu un symbole, celui du Ould Cha3b qui n'a rien, qui se bat et qui réussit. 

Il est revenu au bled, écrire, travailler, en attendant son heure. Il a bâti un empire journalistique. Je le lisais comme ces centaines de milliers de Marocains par jour.

Il a redonné aux Marocains l'envie d'aller débourser ces quelques Dirhams pour lire, pour s'entendre parler à travers les écrits de Nini.

Une révolution ! On passait de l'étape du Homo Erectus gavé de tous les cotés, qui s'interdisait de penser ou de critiquer, à l'humain conscient qui -s'auto- critique et qui s'indigne. 

Il pouvait à tout moment vendre ses parts dans cette entreprise, qu'est Al massae Media pour se permettre une retraite dorée au bord de la mer, au fin fond d'une 3robiya.

Cherchait-il plus ? On en sera rien. Mais en tous cas, il en avait le droit.

Ou bien, cherchait-il à défendre la veuve et l'orphelin, ce pays, souvent châtié par les nôtres ?

Voyait-il qu'il y a une injustice quelque part (et on en a tellement) qu'il voulait faire sa justice lui-même avec la seule arme qu'il a, son stylo ?

Si la justice régnait, que ceux qui ont abusé de ce pays soient réellement inquiétés (jugés équitablement est un lointain rêve), je crois que Nini n'aurait plus matière à écrire. Il nous parlerait de concepts, de débats, il nous écrirait ses poèmes fleuves -que je lis rarement- et très peu de dossiers sur des personnes qui ont fait ceci ou cela.

Ces mêmes dossiers qui ont fait couler Nini.

Quand on s'interdit une réelle justice, par désir de protéger les siens, ses amis, ou en se taisant devant une injustice, quand on octroie à l'un un droit, et non à l'autre, quand on occulte tous les malheurs de notre population pour dire que tout va bien et l3am zine, on NE se demande pas Pourquoi quelqu'un a essayé de faire justice lui-même mais plutôt, on se demande, on se regarde les yeux dans les yeux, Pourquoi n'avons-nous pas appliqué la justice, celle qui est aveugle et qui n'a ni ami ni frère, celle qui tombe comme une guillotine sur tous ceux qui sortent des rangs de la loi.

Si Nini est en prison aujourd'hui, c'est qu'il a fait des erreurs, mais ce n'est pas celles qui importent le plus, mais c'est surtout, à cause d'un échec. L'échec de toute une époque. L'échec de tout un pays.

Nous poussons ce que nous produisons de mieux dans ce pays, les Marocains, nos frères et sœurs, à se suicider, chacun à sa manière, chacun avec son outil, et chacun pour sa raison.

Je reste solidaire de Rachid Nini, qui est -et je le crois- animé d'une très bonne volonté. Solidaire de Rachid Nini, l'homme, le Marocain, éloigné de sa famille, dans les méandres d'une prison et qui s'est probablement posé cette question que l'on se pose tous. Mais lui, il n'a pas voulu y répondre : Ou ach Dak Lhadchi ? Diha gha f ssou9 rassék !

Je n'aurai ni le poids, ni le lectorat de Nini. Et, je me dois Ndiha f ssou9 rassi.

P.S : je ne fermerai pas mon blog mais je n'écrirai rien pendant une période, peut-être longue peut-être courte. A ceux qui se réjouissent de son emprisonnement, je vous dis : Rira bien qui rira le dernier, et ce n'est certainement pas vous qui allez rire en dernier, mais bien ceux qui profitent de ces injustices... si elles ne vous frappent pas avant.