samedi 5 mars 2011

La femme dans l'Islam et la femme soumise dans la culture Arabe.

La femme : égalité dans l'Islam et la femme : soumise dans la culture Arabe.

En 14 siècles d'existence, l'Islam a soulevé bien des tollés. Des débats aussi houleux, que meurtriers. Aujourd'hui, dans un monde de plus en plus ouvert, l'Islam est souvent étiqueté -par pur simplisme- de religion d'intolérance, de soumission de la femme à l'homme, de voile, d'actes barbares...

Il serait malhonnête de la part d'un musulman d'en vouloir à l'occident : Ce que voit l'occident en l'Islam aujourd'hui, est en partie le fruit de manipulations des sociétés dites "islamiques".

Si j'en veux à quelqu'un ou à une entité à ce propos, c'est bien en partie à la société "arabe" patriarcale.

Contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, y compris les musulmans d'aujourd'hui, l'émancipation de la femme est un acte de l'Islam à l'époque du prophète Mohamed.

La condition de la femme à l'époque du prophète avait secoué les comportements radicaux qui étaient la norme à l'époque.

Avant l’avènement du Coran, il était habituel que la jeune fille soit ensevelie vivante sous terre juste parce qu'elle était fille (la femme étant perçue comme une source de déshonneur dans la culture de l'époque).

Al Aqqad avait rapporté dans son livre sur la vie du grand calife et compagnon du prophète, Omar Ibnou Al Khattab, que celui-ci avait ensevelie l'une de ses filles avant l’avènement de l'Islam et que cet acte était une source de chagrin immense pour le compagnon du prophète de sa vie de musulman.

Le Coran a abordé cette atrocité, fréquente dans la pratique arabe de l'époque, par une sourate dont le son poétique soulève beaucoup de sentiments de compassion envers ces filles victimes de leurs pères et de leur société :
وإذا الموءودة سئلت بأي ذنب قتلت
Traduction approximative : "et qu'on demandera à la fillette enterrée vivante, pour quel péché elle a été tuée ?"

Le texte de la sourate renvoi le lecteur à la fois vers l'usage de la logique et aussi à un sentiment très fort dont le sens prête à verser des larmes sur la condition de ces fillettes.

L'islam à travers son livre sacré avait eu le courage de blâmer ouvertement un comportement totalement usuel dans la pratique arabe de l'époque : ce qui en soit est le début de la "réhabilitation de la femme" dans une société plus juste.

A travers les témoignages de l'époque du prophète, la femme avait repris sa place centrale dans la société islamique : La femme était la commerçante -l'équivalent d'une chef d'entreprise à notre époque-, la guerrière, la mère...

La plus emblématique était la première femme du prophète et celle qui l'a marqué durant toute son existence : Khadija.

A elle seule, l'histoire de Khadija et du prophète porte une multitude de symboles perdues aujourd'hui :
  1. Cette femme était riche et commerçante : elle entreprenait des relations commerciales avec les hommes de l'époque et Mohamed était l'un des ses employés. 
  2. On dit que Khadija s'était marié deux fois avant son mariage avec le prophète (même si cela est discuté par les historiens) : la sacro-sainte virginité de la femme est caduque, d'autant plus que le prophète s'est marié à d'autres femmes qui n'en étaient pas à leur premier mariage.  
  3. Durant toute la période du mariage du prophète avec Khadija, celui-ci est resté monogame (ne s'était marié avec aucune autre), et il est même resté avec Khadija jusqu'à ce qu'elle décède. 

La pratique islamique durant l'époque du prophète était idéaliste : le prophète était là pour corriger toute dérive à la droiture du comportement envers la femme qui n'a que peu de différences avec les idéaux d'aujourd'hui.

Une parole du prophète (ou Hadith) très connu disait que le paradis était sous les pieds des mères. Un autre hadith relatait le discours entre un homme et le prophète. Cet homme était venu poser une question au prophète : Qui a le plus droit à ma compagnie ?

Le prophète répondit trois fois à la même question : Ta mère. A la quatrième question, le prophète répondit : Ton père.

La femme arabe de l'époque du prophète était aussi la source du savoir : plusieurs cas de femmes de l'époque  enseignaient et diffusaient le savoir librement.

Mais Pourquoi donc aujourd'hui, la condition de la femme dans la culture islamique n'a rien de cet idéal de l'époque du prophète ? 

La réponse tient en trois mots : la culture arabe patriarcale. 

La culture est bien plus ancrée dans les meurs et dans les comportements que même les enseignements de l'Islam n'ont pas pu y remédier.

Le combat idéologique qui a émergé après la mort du prophète perdure jusqu'à nos jours.

Il y a deux principales sources d'enseignements dans l'Islam reconnus par quasiment tous les courants majeurs dans l'Islam : le Coran et le hadith (propos, fait et gestes du prophète).

Le Coran dont l'authenticité n'est pas remise en cause par les chercheurs est le fondement et le concentré des enseignements de l'Islam.

Par contre, le récit des hadiths a été repris, relu, corrigé avec des essais d'authentification par les grands spécialistes du Hadith (type Al Boukhari et Mouslim). Les récits des hadiths ont été rapidement remis en question et relégué en deuxième plan comme source d'enseignements après le Coran.

Aujourd'hui, tout le monde parle de voile et que cela déplais ou pas, couvrir les cheveux des femmes n'a jamais été prescrit dans le Coran. 

D'ailleurs, plusieurs penseurs islamiques du début du siècle dernier avaient entrepris une action "correctrice et réformatrice" pour adapter la lecture de l'Islam à une vision logique et pragmatique : C'est l'éternel et ancien débat de l'usage de la raison dans l'interprétation du récit coranique et du hadith. 

Le plus connus de ces réformateurs de la pensée moderne de l'Islam est l'imam Muhamed Abdou.

Cet Imam égyptien avait entre autres, soutenu la rédaction d'un livre qui s'appelle "l'émancipation de la femme" par son rédacteur Kassim Amine (en 1899).

Il aurait aussi écrits plusieurs articles (il était aussi journaliste) qui ont créé des affrontements entre les réformateurs (dont le célèbre écrivain Taha Houcein) et les conservateurs religieux.

Certains écrits citant Muhamed Abdou font encore débat de nos jours : dans un article repris par plusieurs médias, Mumahed Abdu aurait dit que le voile est une habitude importée à l'Islam et qu'il n'est pas imposé aux femmes. 

Un autre penseur Islamique est Jamal Al Banna, qui n'est autre que le petit frère de Hassan Al Banna, créateur du mouvement des frères musulmans en Egypte, qui reprend que le voile n'a rien à voir avec l'Islam.

Le débat est toujours en cours, malgré que certains ont toujours essayé par tous les moyens de faire taire ces voix qui prônent l'usage de la raison dans la lecture du texte religieux dans l'Islam.

Ce qui est sûr, c'est que la vision radicale qui prône le maintien de la femme dans la pratique de la "femme au foyer", qui n'a pas de contacts avec l'extérieur est minoritaire et qu'elle est contraire à toute raison.

Cette vision émane d'une usurpation de la culture historiquement dominante, qui est la culture arabe patriarcale, des principes égalitaires dans l'Islam.

Des hadiths ont été créés pour l'occasion, de nouveaux dogmes ont été mis en place afin d'asseoir la supériorité de l'homme par rapport à la femme. Mais cela restera -à mon avis- toujours contraire à la raison.

Cette raison à laquelle fait appel Dieu à 13 reprises dans le Coran en disant :
افلا تعقلون

Traduction approximative : "Etes-vous donc dépourvus de raison ?"

(Lire aussi l'excellent article de Mouna Hachim sur "les femme savantes en terre d'Islam" http://www.leconomiste.com/node/881212